Farway Hill. Ou le seul endroit où je me sentais vraiment chez moi. Je n'en avais parlé à personne, mais je connaissais bien Farway. J'y avais vécu un an, avant de partir pour New-York. Mon frère et moi avions déménagé de Glasgow pour Farway Hill, voulant devenir de vrais adultes. Mais je n'avais pas pu rester ici. Du moins j'aurais pus, mais je n'ai pas voulu. Je suis parti à Londres quelques jours voulant visiter un peu avant de partir pour New York. C'était étrange de revenir ici, après six ans en Amérique. L'écosse était toujours aussi merveilleuse, mais j'étais tout de même très mélancolique. J'étais là, dans la campagne près de Farway, me rappelant tous les souvenirs. Les bons comme les mauvais. Je mis la main dans la poche de mon jean voulant regarder l'heure. Cela devait faire bien une demie heure que j'étais ici. « Ho mxrde! » laissai-je échappé, me rendant compte que mon cellulaire n'était pas dans ma poche. « Pas ça, pitié, pas ça. » Je me mis à chercher d'abord sur moi, dans chacune de mes poches. Il n'y était pas. Je regardais ensuite par terre, me persuadant que j'avais dû le faire tomber. Tout de même, un objet noir dans toute cette verdure, ça devait bien se voir.

&

Je n'étais pas spécialement une personne d'extérieur, mais lorsque je trouvais un petit coin calme où pouvoir lire, j'étais comblée. C'était donc dans cette optique que j'avais passé les potes coulissantes de l'hôtel où je me faisais filmer 24h/24 (bien qu'ils avaient rapidement abandonné l'idée de trop me montrer à la télévision, tant mes activités étaient barbantes) et que je me retrouvais en pleine rue. A renfort de transports en commun et de marche, j'arrivais finalement dans un coin de campagne perdu et je me demandais sérieusement comment j'allais rentrer chez moi. Je marchais au hasard, Wuthering Heights dans ma main, prête à relire le classique qui avait bercé toutes mes études. Alors que j'allai poser mon pied dans l'herbe pour la trois cent millième fois, je sentais quelque chose de dur et décidais de me reculer. Heureusement, parce qu'il y avait un portable par terre qui n'avait pas l'air de coûter peu cher. Je le ramassais, cherchant des yeux son propriétaire, et je trouvais bien vite un homme qui semblait chercher quelque chose partout. J'en déduisais qu'il avait perdu quelque chose, et que ce quelque chose était peut-être ce que je venais d'amasser. Je m'approchais alors de lui en agitant le téléphone sous son nez. « C'est ça qu'on cherche ? » Je lui adressais un sourire. Je ne pouvais pas dénier le charme qui se dégageait du personnage.

Je continuais à chercher mon téléphone, me disant que revenir sur mes pas était sans doute la meilleure chose à faire. Je commençais vraiment à paniquer. Mon cellulaire était toute ma vie. Du moins peut-être pas, mais il y avait toute ma vie dedans. C'est alors que j'entendis une voix féminine, pas très loin de moi. « C'est ça qu'on cherche ? » Je levais brusquement la tête, me retrouvant face à une jeune brune d'une vingtaine d'année, qui n'avait absolument pas l'accent d'une Écossaise. Dans ses mains, le fameux téléphone perdu. Je le pris doucement, vérifiant que c'était bien le mien, mais surtout qu'il n'était pas cassé. « Merci. » dis-je doucement. Pas très original, je sais oui. Je mis le téléphone dans ma poche, en espérant qu'il ne retomberait pas de si tôt. « Vraiment merci! » Je fis un petit sourire à la jeune femme.

Apparemment, j'avais fait une bonne action. Je n'osais même pas imaginer ce qu'il se serait passé si j'avais vraiment marché dessus et si je l'avais cassé. Tout allait bien donc, et le jeune homme examina le téléphone soigneusement. Il me disait quelque chose .. Mais je doutais avoir raison. « Merci. » Je lui souriais, au moins c'était ma bonne action du jour, et continuais à le regarder comme si je n'avais rien d'autre à faire. Mais c'était vrai, je n'avais absolument rien d'autre à faire. « Vraiment merci! » Je rigolais un petit peu et lui répondais. « Ça te prend souvent de perdre tes choses dans l'herbe ? J'ai failli marcher dessus ! » Ce n'était pas du tout un reproche, à vrai dire, c'était dit sur le ton humoristique que je prenais parfois. Et puis, un tilt dans ma tête, j'écarquillais légèrement les yeux et prenais la parole. « Mais, tu ne participerais pas à l'émission ? Pour trouver l'amour ? Il me semble t'avoir croisé dans l'hôtel. »