Nous étions déjà vendredi, soit presque une semaine que j’étais dans l’émission. Les premières nominations avaient déjà eu lieu et chance ou non, ce n’était pas mon tour d’être sur la sellette. Autant vous dire que cela me soulage à un point que vous ne pouvez même pas imaginez ! Il faut croire que je ne suis pas la personne la plus détestée dans ce jeu… Enfin, j’étais tranquille pour encore au moins une semaine et j’allais encore pouvoir profiter à fond de cette émission de rêve qui m’avait déjà permis de rencontrer de nombreuses demoiselles plus jolies les unes que les autres. Aujourd’hui, comme tout les jours d’ailleurs, j’avais un petit creux. Il devait être aux environ de 15 heures et mon ventre me tiraillait déjà, est-ce que vous pouvez y croire ? J’étais donc parti en direction de la salle de repas où je pourrais aisément trouver de quoi satisfaire mon estomac bien exigeant avec les réfrigérateurs toujours bien remplis qui s’y trouvaient. Sur le chemin, je croisais plusieurs personnes que je saluais sans pour autant commencer la moindre conversation. Une d’elle commença à me parler quelques minutes mais je la stoppais gentiment, lui expliquant que j’avais quelque chose d’urgent à faire. Bah quoi, c’est urgent de manger… Puis, j’arrivais enfin à destination où je fonçais sans hésiter vers le garde manger. Je savais ce que je voulais et où je le trouverais car oui, c’est que je commence à prendre mes marques ici contrairement à ce que vous pourriez croire ! J’attrapai donc une banane dans une des corbeilles à fruit qui trônait sur la table du centre de la salle où je m’assis directement. J’entamais l’épluchage quand on me la piqua des mains, sans rien me demander.

DEVON : Mais, ma banane !!!

J’observais autour de moi pour apercevoir aussitôt un jeune homme qui avait un air asiatique. J’y crois pas, il a osé me prendre ma banane des mains quoi ! Il y en a plein dans la corbeille mais non, il faut qu’il prenne la mienne forcément !

DEVON : Genre tu peux pas en prendre une autre quoi…

Il est quinze heures. Quinze heures et Shizuka a faim. Il a toujours faim et pèse le poids d’un gosse de douze ans. Actuellement affalé dans un matelas gonflable au beau milieu de la piscine, il se demande comment il pourrait regagner le bord. Car il ne sait pas nager, ou du moins pas très bien. Il a comme qui dirait « sauter » sur le matelas qui était près du bord et maintenant il l’a laissé s’éloigner. Il se redresse et essaye de plonger assez les jambes dans l’eau pour se déplacer mais pas moyen sinon il glisse. Soupirant d’un air irrité, il vérifie que personne ne le regarde et s’efforce de ne pas penser aux caméras. Lentement, il fait le petit chien jusqu’au bord, tentant par tous les moyens de garder la tête hors de l’eau. Il est haletant quand il se hisse sur la terre ferme. Sans se retourner, il chope son peignoir, l’enfile avec ses tongs et file le plus vite possible à l’intérieur, en direction de la salle où sont pris les repas. Il prend les lunettes qu’il avait sur la tête et les pose sur son nez. Ses grosses lunettes de mouches. Il n’apprécie pas qu’on voit ses yeux. Il passe une main dans ses cheveux tandis que son ventre gargouille. Bien que personne ne puisse l’entendre, il rougit.

Heureusement, il atteint rapidement la salle de repas. Il entre comme une tornade tandis que la porte lui échappe des mains et va cogner le mur dans un bruit fracassant. Ah, pile ce qu’il cherche. Une bonne banane bien mûre. Tant pis pour ce garçon qui semblait en train de la peler. Il a trop faim. Il déboule sur lui et chope la banane, la lui arrachant des mains. Il lui a même mâché le travail ! Il fini de peler la banane tandis que le garçon grommelle. Il sourit, très fier de lui, et prend une bouche de la banane, la coupant net.

SHIZUKA - J’allais pas en prendre une autre quand celle-là me convenait parfaitement. Non mais. T’es bête ou quoi ?

Avec sa banane toujours à la main, il se dirige vers un placard duquel il sort un joli verre aux contours rouges. Il se sert un peu d’eau du robinet et pose le verre sur la table, distraitement.

J’étais gentiment en train de peler ma banane quand un crétin de première vint me la prendre des mains. Mais c’est quoi ce monde dans lequel je vis ? Il n’y a plus aucun respect des autres individus ou quoi ? Et c’est qu’il me demande si je suis bête en plus… J’y crois pas franchement… Pour qui il se prend celui-là ? (Et moi qui suis en train de piquer un fard pour une pauvre banane qui n’avait rien demander. Finalement, je me demande lequel de nous deux à l’air le plus bête dans tout cela ! Néanmoins, je ne vais pas me laisser faire de la sorte et je vais riposter pendant qu’il en est encore temps. Je n’ai pas envie de passer pour un garçon facile !

DEVON : Bah je ne vois pas ce que ça t’aurais couter de te baisser genre 10 secondes. Ah mais peut-être que tu es incapable de te bouger, c’est vrai que j’avais pas pensé à cela…

Je ne pesais pas mes mots et une colère allait sûrement éclater mais j’avoue que cette scène m’amusait plutôt qu’autre chose finalement et que j’aimais jouer la provocation pendant que toute la salle nous regardait avec des yeux plus ahuris les uns que les autres. Je pris une autre banane dans la corbeille, faisant mine de montrer au jeune homme comment s’y prendre, mais cette fois-ci, je la serrais bien dans ma main pour qu’on ne me la prenne pas. Je n’allais pas me faire avoir deux fois de suite non plus… Je finis par lui balancer de nouvelles paroles à la figure, ne pensant pas vraiment ce que je disais.

DEVON : Et au passage, non je ne suis pas bête. Il ne faut pas oublier de ne pas prendre ton cas pour une généralité mon cher !

Moi, je ne fais pas parti de la majorité des gens intelligents ? Mais cette quoi cette histoire ? Et puis, il s’est vu lui sérieusement ? Bon d’accord, toutes les personnes présentent dans la pièce ont leur regard braqué sur moi et la scène doit être bien marrante vue de l’extérieur mais… J’avoue moi aussi, je ris à l’intérieur mais j’aime tellement faire genre je-suis-un-mauvais-garçon alors que ce n’est pas le cas… Je ne pris même pas la peine de répondre et en même temps, je ne savais pas trop quoi lui dire en retour… Je me contentais donc de lui lancer un regard haineux, même si c’était avec une difficulté exemplaire que j’y suis parvenu et j’écoutais la suite de ce qu’il me disait. En effet, il n’était pas bien grand comparé à moi mais je n’avais jamais été très fort dans les combats à mains nues. J’avais pourtant l’habitude de faire du sport tout les matins, d’entretenir mon corps comme il se doit mais ça n’y faisait rien, quand on n’a pas la tactique, on n’a pas la tactique… Je me levais brusquement, histoire d’essayer de lui faire peur, même si je savais pertinemment qu’il n’allait pas reculer d’un pouce ou ressentir la moindre émotion. Son sang froid commençait d’ailleurs à m’impressionner. C’était limite s’il n’avait pas sourciller une seule fois depuis le début de l’altercation et cela était plus que surprenant. Enfin, il continuait de me provoquer et ça… Je ne pouvais pas le pardonner. Mais ma banane quoi… Elle était dans son ventre de toute façon alors qu’est-ce que je pouvais y faire maintenant.

DEVON : C’est pas celle-ci qui m’intéresse…

Dis-je sans pouvoir finir ma phrase. En effet, un jeune homme venait d’éclater de rire juste à côté de nous, ce qui me fit exploser également. Il était devenu de plus en plus difficile d’arriver à me contenir mais là, c’était tout simplement devenu impossible. Je regardais donc mon interlocuteur pour voir quelle réaction il allait avoir mais je finis par prendre la parole avant qu’il n’ait le temps d’ouvrir la bouche une nouvelle fois.

DEVON : Désolé, je n’y arrives plus… Dur de rester sérieux avec tout ces gens autour…

Je ne bougeais cependant pas d’un poil, si ce n’est la main que j’avançais en guise de « paix » vers lui. Je voulais lui montrer que je n’étais pas le monstre que j’avais prétendu être pendant toute cette séquence. Et les regards tombèrent bientôt autour de nous, comme s’il ne s’était rien passé. Peut-être que j’allais trop vite en besogne et que le jeune homme allait remettre de l’action en moins de deux mais bon, j’essayais de faire ce qu’il fallait pour contrer cela.

DEVON : Je m’appelle Devon.