« Dans la vie j'aime deux choses, la rose et toi. La rose pour un jour et toi pour la vie. »

- Anonyme.



Nous connaissons tous l’amour de Shizuka pour la cuisine, pas vrai ? Non je rigole, il déteste ça et n’a jamais préparé que du curry. Enfin, c’est ce que nous croyions jusque là. Mais à présent, il montre son vrai visage. Le visage d’un homme… couvert de tâches de sauce et qui ne s’en sort pas pour faire des spaghettis à la bolognaise. Bref, la catastrophe ambulante. Heureusement, aujourd’hui, tout le monde a décidé de ne pas manger. Ou personne n’a décidé de manger, comme vous préférez. Du coup, il est pépère tout seul… Ou presque ! Parce que Scarlett est avec lui et attend son assiette. Si vous voulez mon avis, elle peut toujours attendre. Déjà qu’il a mis les pâtes sans faire bouillir l’eau, alors pour le reste… Mais enfin, en tout cas, lui, il aime ce qu’il goûte. Plongeant le bout de la cuillère en bois dans le semblant de sauce bolognaise, il l’amène à ses lèvres et passe la langue dessus. Miam. En même temps qu’il cuisine, il parle à Scarlett. Et c’est bien connu, les hommes n’ayant qu’un cerveau, ils ne peuvent faire qu’une seule chose à la fois. Alors cuisiner en parlant, ça n’est pas une grande réussite masculine. Si en plus il se prend pour le Lièvre de Mars en brandissant la cuillère devant lui pour faire rire Scarlett…

SHIZUKA - Cuiiiiiiiillèèèère !

Elle rit un peu et basta. Il la trouve un peu moins en forme que d’habitude aujourd’hui. S’il y avait eu d’autres personnes autour qui auraient pu l’intéresser et le distraire, il ne l’aurait pas remarqué. Mais il n’y a qu’eux. Pendant un instant, il a pensé ne pas en parler et faire comme si de rien n’était. Cependant, Scarlett est devenue une amie et il n’aime pas voir ses amis mal à l’aise. Il va tout faire quitte à enchaîner les gaffes jusqu’à réussir à leur redonner le sourire. Alors, il se penche par-dessus le plan de travail en inox et prend le visage de la rouquine entre ses mains. Il sonde longuement ses yeux puis lui sourit gentiment. Il lui pince les joues et la lâche ensuite pour s’appuyer sur le plan.

SHIZUKA - Qu’est-ce qui va pas ? On t’a encore fait des misères ? Aller, raconte tout à papa !

Il fait le tour des meubles, délaissant totalement les spaghettis et vient la prendre dans ses bras. Depuis qu’il l’a rencontrée, il passe beaucoup de temps avec elle, la trouve attendrissante, attachante, drôle, maladroite et surtout très gentille. Contrairement à lui qui est odieux, sarcastique, égoïste et bien d’autres. Il s’assoit ensuite devant elle, tout en surveillant quand même la nourriture du coin de l’œil.

Cela fait un moment maintenant que Scarlett le connait. Il y'a quelques semaines de ça, le prénom de celui qui -si je puis dire- cuisine au moment même où je vous parles occupait ses pensées. Disons que c'est toujours le cas, mais à présent il occupe son coeur. Shizuka, ou plutôt "Shizu", qu'elle pronçait de façon à dire fromage sans vraiment le vouloir. La plupart du temps elle le faisait volontairement pour l'embêter. Mais aujourd'hui, elle n'est pas vraiment d'humeur à embêter qui que ce soit. Ce calme soudain avait du faire office de trouble face à ses innombrables catastrophes. En tout cas, quelqu'un l'a remarqué, et pas n'importe qui. Lorsqu'il la sort de ses pensées et que son regard est plongé dans le sien, Scarlett se dit qu'elle devrait sourire. Elle ne faisait que ça en ce moment, si elle le pouvait, elle ne sourirait pas autant. Mais penser que des personnes s'inquiètent pour elle est une des raison suffisament convainquantes pour le faire. La jeune rousse lui rend comme elle peut son sourire en éspérant qu'il se remette à sa dernière activité, mais non, il contourne les meubles pour la rejoindre et la prendre dans ses bras.

SHIZUKA - Qu’est-ce qui va pas ? On t’a encore fait des misères ? Aller, raconte tout à papa !

Depuis le temps qu'ils se connaissaient, sa tête ne se transformait plus en tomate au moindre contact avec lui. Si vous aviez pu être là lorsqu'elle s'est rendue compte que ce qu'elle ressentait, c'était de l'amour, vous auriez rit.Douche froide et compagnie, vous voyez le genre de Scarlett non ? Elle pensait qu'une simple douche froide pourait faire disparaître ça, eh bien non elle est coincé maintenant ! Et après tout, c'est de sa faute, elle est venue ici d'elle même. A quoi s'attendait-elle, hn ? Peut être à ce que Shizuka ait raison au sujet d'une de leurs discution. La première. Malheureusement pour cette petite jeune femme, il avait eu tort. Elle met du temps à répondre à sa question, qu'est-ce qu'elle pouvait dire ? "Je suis amoureuse de toi, mais je n'ai jamais voulu de ça. Enfin non, sinon je ne serais pas ici, enfin, bref ! Maintenant que tu le sais, je peux aller me pendre" Elle balaie cette idée, puis les autres, et au final plus aucune idée ne se pointe. Auparavant, elle n'aurait jamais mit autant de temps à répondre à une question, même si sa réponse pouvait être idiote, elle prenait le risque. Mais depuis que Shizuka s'était brutalement introduit dans sa vie, elle y réfléchissait. Un peu trop même.
Finalement, une idée se pointe. Elle ne l'aime pas particulièrement d'ailleurs, parce qu'elle n'aime pas mentir. Notament à ce petit blond à qui elle n'a jamais tenter ou réussi à faire croire que le ciel est enfaite vert (Bien évidemment, ce n'est pas vrai). Elle préfère camoufler la vérité dans un sourire pour cette fois.


Scarlett - Tout va bien. Je crois que je suis encore tombée du lit ce matin, mais, j'ai la tête solide tu sais.

Sourire, c'est tout ce qu'elle essayait de faire ces-temps ci, car c'était ce qu'elle faisait le mieux. Assise face à Shizuka, elle espere avoir été crédible. Mais tout le monde à part elle, savait qu'elle ne l'était pas.

Shizuka, ou Fromage pour les intimes, a toujours eu ce don de déceler ce qui ne va pas chez les autres. Une sorte d’empathie, me direz-vous. Entre ses mains, cela peut aussi devenir une malédiction. Soit il s’en sert pour réconforter les gens, les aider ou les écouter quand il les aime, soit pour les détruire. Et quand il choisit cette dernière option, il n’y va pas de main morte. Le premier garçon avec qui il est sorti, quand il avait 15 ans, l’a plaqué parce que finalement, il s’était rendu compte qu’il n’était pas homosexuel. Ni même bi. Il s’est aussi rendu compte qu’on ne pose pas de lapin à Shizuka sans en ressortir un peu amoché. Celui-là, il l’était non seulement physiquement mais aussi et surtout mentalement. Comme tous et toutes les autres ayant essayé de le quitter. Mais surtout les mecs, c’est plus marrant et plus facile à briser, même ceux qui jouent les machos. Ensuite il y a les autres, ceux qu’il aime. Comme Scarlett. D’ailleurs, elle en met du temps à répondre. Entre temps, il scrute ses yeux tandis qu’elle essaye apparemment d’éviter son regard. Quand elle répond enfin, le mensonge est plus gros qu’elle. Le visage du nippon se déforme. Il grimace et se lève, lâchant un petit « tss » de dédain. Il se remet à la cuisine sans faire de commentaire pour l’instant. Les pâtes sont prêtes. Il les égoutte soigneusement et les remets dans la casserole avant de les arroser d’un peu d’huile pour qu’elles ne collent pas. La sauce aussi est prête. Il sert d’abord Scarlett.

SHIZUKA - J’aime pas le mensonge, Scarlett.

Il parle très sérieusement et c’est peut-être la première fois depuis des jours. D’habitude, il est toujours souriant, joueur, affable. Il essaye de ne pas se montrer méchant avec des gens avec qui il partagera sa vie pendant quelques semaines voire un ou deux mois. Et surtout, il essaye de ne pas se montrer méchant avec ses amis. Scarlett, Denver, Devon et toute la clique. Il prend une assiette rose et se sert des pinces pour servir. Comme sa maman le faisait, il verse de la sauce dessus et saupoudre de parmesan avant de poser l’assiette devant sa petite Scarlett, surnommée Reddy en raison de la signification de son prénom et du jeu de mot avec « ready ». Depuis qu’il lui a dégoté ce surnom, il ne l’appelle Scarlett que lorsqu’il veut se montrer sérieux, autant dire jamais. Il fait aussi glisser des couverts noirs et un verre à pied bleu. Puis il reprend :

SHIZUKA - Ce matin, tu n’as pas pu tomber du lit pour la simple et bonne raison que tu étais dans mon lit et que c’est moi qui t’ai réveillée.

Et vlan, une en moins. Il refait exactement les mêmes gestes pour se servir aussi une assiette verte de spaghettis mais il choisit plutôt le verre rouge. Il adore cette couleur. Celle de la passion, du soleil quand il se couche, de ses cheveux il y a quelques mois, du sang et des lentilles de son premier amoureux. C’est ça qui l’a fait aimé cette couleur. Depuis, il n’en démord pas. Il s’assoit sur la table en face de Scarlett et attrape la carafe d’eau jaune. Il sert son amie puis se sert lui-même avant d’enfourner une grande fourchette. Mister Ventre ne grossit pas, il peut se permettre de manger ce qu’il veut. Na.

SHIZUKA - Ce matin, tu n’as pas pu tomber du lit pour la simple et bonne raison que tu étais dans mon lit et que c’est moi qui t’ai réveillée.

Vous devez savoir une chose au sujet de Scarlett; elle n'aime pas mentir mais en plus de ça elle ment très mal ! Non mais quelle gourde, tomber du lit. Elle aurait avoir plus d'imagination quand même, les mensonges sont fait de ça. Mais ce n'est pas quelque chose qu'elle maîtrise. Et lui mentir en plus de ça, je crois que c'était beaucoup trop demandé pour ses p'tites épaules... La réponse de Shizuka lui donne envie de s'enfoncer dans son siège et disparaître dans le décors pendant un moment. Mais elle est toujours là, en face de lui quand elle réouvre ses yeux. Passant ses mains sur ses bras, un peu tremblante, elle lui répond ;

Scarlett - Et si tu n'aimais pas la vérité non plus .. ?

Autant vous dire que cela fait un moment qu'elle imagine les réactions possibles après qu'elle lui ait dit. Le suicide, la fuite, les rires, elle s'était préparée à tout mais n'osait rien lui dire pour autant.
A la fin du repas, elle finit par se lever pour se diriger vers la fenêtre. Les fenêtres, elle aimait ça. Regarder dehors. Elle faisait ça quand ses parents avaient des soucis, elle regardait dehors là où tout était plus calme. Mais sur ce coup, ce n'était pas ses parents qui en avaient, des soucis.

Scarlett - Tu m'en voudrais au point de ne plus vouloir me voir, peut être pire. Et ça je ne sais pas pour toi mais, je ne le suporterai pas. Je ne peux même pas supporter le fait que..-

Et voila qu'elle pleure. Content Shizu ? Elle n'avait pas pleurer depuis un moment, depuis le dernier orage ici, ce qui était rare mais tout de même un peu réssent. Ce soir là -ou plutôt matin, car il devait être au moins une heure du mat'- elle avait cherché son casque et son Ipod sans le retrouver car elle se perdait toujours autant. Finalement elle lui avait piqué son casque et a finit par s'endormir, dans son lit, trop fatiguée pour faire dix pas de plus. Là, la situation était différente, il n'y avait pas d'orage, pas de cauchemars. Et la raison pour laquelle ses larmes coulaient n'était pas la même, pas vraiment. La peur de perdre. Depuis qu'elle connaissait Shizuka, sa vie était différente. Son groupe lui avait apportée l'énergie necessaire pour rester "vivante". Mais lui, c'était différent. Elle l'aimait mais avait tout de même peur de trop l'aimer. L'amour la rendait impuissante quelques fois, et c'est tout ce qu'elle a cherché à ne pas être après la mort de sa mère. Passant encore une fois ses mains sur ses bras pour éviter qu'ils ne tremblent, elle ne se retourne pas. Hésite même à courir pour partir -maintenant qu'elle se repère assez bien-. Mais non, elle ne bouge pas de la fenêtre, autant parce qu'elle veut rester avec lui que parce que ses jambes ne l'écoutent plus. Oui, Scarlett reste là, près de la fenêtre et tente l'impossible ; effacer ces "fichues" larmes avant que Shizuka ne s'en rende compte, si ce n'est pas déjà fait.

Elle tremble en plus, la choupette ! Il la regarde en mangeant mais ne bouge pas, préférant attendre qu’elle dise quelque chose. La vérité, peut-être, ça serait déjà bien. Mais pour l’instant, il mange et se montre totalement insensible. Il mâchonne les spaghettis sans rien dire et fixe Scarlett. Qu’est-ce qu’elle a aujourd’hui ? Il n’aime pas quand elle n’a pas le sourire ou qu’elle ne lui fait pas des câlins. Car Shizuka est accro aux câlins. Ne pas aimer la vérité ? Qui n’aime pas la vérité ? Il lève les yeux au ciel à défaut de pouvoir parler, la bouche pleine de spaghettis. Il passe une main dans ses cheveux qu’il a presque décolorés hier. Ils sont blancs avec une touche de blond quand même. Bref, il les coiffe bien derrière ses oreilles même si sa frange retombe un peu dans ses yeux. Pendant de longues minutes, il ne lui dit rien et attend la suite. Peu importe le temps que ça prendra, il est prêt à attendre la vérité de la bouche de Scarlett. Quand elle se lève pour se diriger vers la fenêtre, il ne la quitte pas des yeux mais ne la suit pas tout de suite non plus. Cependant, au moment où il entend la voix de la jeune femme se briser, il se lève, sa chaise racle le sol, et se précipite sur elle. Il l’enlace par derrière, prend ses mains dans les siennes et les poses sur son ventre. Il arrive tout juste à poser le menton sur son épaule.

SHIZUKA - C’est nul de pleurer, Darling. T’es presque aussi rouge que tes cheveux. Imagine un peu…

Il rit un peu, pas très convaincu. Il aimerait lui redonner le sourire. Il embrasse tout doucement son épaule avant de la forcer à se tourner vers lui pour déposer un petit baiser sur sa joue puis l’enlacer. Il n’irait pas jusqu’à dire qu’il est amoureux d’elle. Il n’en sait fichtrement rien. Il sait juste qu’il l’apprécie énormément. Qu’elle est un peu sa meilleure amie dans le jeu. Il sait qu’il peut tout lui dire, ou presque, et qu’il n’a honte de rien devant elle. Quand il l’enlace, il la berce doucement et est prêt à tout entendre. Face à la fenêtre, il regarde bêtement le temps qu’il fait : moche. Comme il le dit souvent, il pleut sa mère et de gros nuages noirs menacent d’éclater. Il se dit vaguement que ce soir, elle sera certainement dans son lit car l’orage aura éclaté. En fait, ça lui est égal. Il aime bien quand elle dort avec lui. Au bout d’un moment, il s’écarte et essuie tendrement les larmes sur ses joues avant de recoiffer ses cheveux, les retirant de son visage. Se hissant sur la pointe des pieds il l’embrasse sur le front.

SHIZUKA - Qu’est-ce que tu ne peux pas supporter, Reddy ? Dis-moi.

Contrairement à tout à l’heure, sa voix est douce et calme. Il n’a pas besoin de hausser le ton vu qu’il est tout près de son oreille.

Quand Scarlett prévoie quelque chose en avance, tout foire à l'avance, ça ne doit pas être très nouveau pour vous, n'est-ce pas ? Parmis ses nombreuses solution toutes aussi bizzares les unes que les autres, elle avait prévu de lui coller un post-it au front avec écrit là-dessus "Je t'aime, espèce de nounours ambulant !" et courir loin, très loin, parce qu'elle courait vite, cette idiote. Mais à la différence de ce qu'elle a prévu, elle ne cache pas aussi bien ses sentiments, pas autant qu'elle l'aurait voulu en tout cas. Et elle pleure, alors qu'elle même, elle en aurait probablement rit de cette solution. Oui, pratiquement tout ce qu'elle avait entre les mains foirait. Elle est déjà bien étonnée que le groupe soit encore vivant, avec une chanteuse comme elle. Alors cette situation encore plus. Si elle revenait au point de départ, lorsqu'elle rencontre Shizuka, elle ne pense pas plus d'une minute le revoir. Quelques secondes, probablement, mais pas plus que ça. Lorsqu'elle sent des bras l'entourée pour parvenir à ses mains et un menton se poser sur son épaule, ses bras cessent de tremblés petit à petit. Au bout d'un moment, leurs mains finissent par se détacher.


SHIZUKA - C’est nul de pleurer, Darling. T’es presque aussi rouge que tes cheveux. Imagine un peu…

Rouge, cela fait un moment que sa peau ne s'est pas changée de cette couleur. Elle ne le remarque même pas pour tout vous dire. Contrainte de lui faire face, elle se retrouve dans ses bras légèrement encore un peu tremblante. Si tout ne dépendait que d'elle, elle resterait bien dans ses bras pendant des heures. D'une certaine façon, être dans ses bras était rassurant. A chaques fois qu'elle en avait envie, ou que ça n'allait pas, elle se retrouvait là. Penser que cet endroit lui serait fermé définitivement ne la laissait pas insensible, c'est une des dernières choses qu'elle souhaite vous savez ? Que les choses changent ...

SHIZUKA - Qu’est-ce que tu ne peux pas supporter, Reddy ? Dis-moi.

"Il voulait savoir ? Il voulait vraiment savoir ?!" Bien que ça ne soit pas un aperçu des pensés de Scarlett, il aurait une réponse. Celle à laquelle aucun homme ne s'attend et en reste tellement figé qu'on se demande s'il va bien ou mal. MAHAHAHA.. Euh, soit, rien de vraiment terrifiants ni affolant après tout. Retroussant ses lèvres comme elle avait l'habitude de le faire avant de dire quelque chose de très long, elle finit par lui dire un peu nerveuse au départ ;

Scarlett - Tu te souviens de notre première discution au sujet de l'emission. La seule enfaite, eh bien je t'avais dit qu'on serait peut être du même avis à ce sujet... Tu n'as pas eu tout à fait raison à ce sujet. Je t'aime, je t'aime un peu plus que ce que je pensais,et que ce que tu penses. Alors vraiment ..

Elle s'écarte de Shizuka et de la fenêtre pour se diriger vers la porte en courant. Pensant tout de même à s'excuser au passage, elle la referme derrière elle et se laisse tomber le long du mur juste à côté. Sans avoir regarder petit blond, presque plus blond au passage, elle sait que sa réaction va mettre du temps à arrivée. Mais elle ne sait pas comment il réagira, elle ne sait jamais à quoi s'attendre enfaite, c'est ce qu'il y'a de plus déconcertant chez lui selon la jeune rousse. Elle reste assise un long moment en se demandant qu'est-ce qu'elle peut faire maintenant. Se pendre évidemment, il n'y a plus que ça. Elle prendrait une cravate lui appartenant parce qu'elle n'en a pas et s'en serait fini... Honnêtement, je me demande si elle est capable de faire tout ça. C'est pourquoi elle est encore assise là, les jambes plus ou moins paralysées..

Au moment où elle lui répond, Shizuka, comme bien des hommes, se fige. Sa réponse lui est tombée sur le coin de la gueule. Il ne sait pas quoi répondre. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce n'est pas réciproque. Il ne l'aime pas dans le sens où il n'est pas amoureux. Alors oui, il la laisse s'échapper en courant par la porte tandis qu'il fixe la pluie qui tombe. Comme il aimerait être une goutte de pluie pour tomber du ciel, s'infiltrer dans la terre, alimenter les plantes, les petits animaux qui vivent là-dedans et ne pas avoir à s'en faire pour ses amies les autres gouttes car il n'en aurait pas. Il serait une petite goutte solitaire à la vie éphémère bien tranquille. Il n'embêterait personne et personne ne l'embêterait. Quand il revient à la réalité, il est seul dans cette grande salle à manger. Un frisson le parcourt. Il a l'impression d'être espionné. Il l'est, par toutes ses petites caméras sûrement cachées dans des endroits plus improbables les uns que les autres. Il fronce les sourcils. Ces salauds doivent certainement se bidonner devant leur télévision, attendre une réponse positive de sa part et une belle histoire d’amour qui durerait quoi ? Trois semaines. Oui. Il leur donne trois semaines. Après ça serait la dispute incontournable. Shizuka aime bien qu’on le colle. Mais pas venant de celui ou celle qu’il aime. A un moment où à un autre, il deviendrait forcément insupportable parce que c’est dans sa nature. Qu’il n’est pas naturellement gentil, attentionné ou quoi que ce soit d’autre, en réalité.

Retrouvant un visage totalement impassible, voire même vide, il se dirige vers la porte et l’ouvre. Il en était sûr, Scarlett est assise à côté. Elle n’est pas allée bien loin finalement. Cela lui fait de la peine de la voir assise par terre. Il la prend sous les aisselles et la soulève pour la prendre dans ses bras comme une princesse, un bras dans son dos, l’autre sur ses genoux. Il a de la force mine de rien. Il passe doucement la porte pour ne pas la cogner puis va la poser délicatement sur une chaise. Il est bien décidé à lui dire la vérité. La vérité vraie, comme disent les enfants. Posant ses mains sur les genoux de Scarlett, il reste debout mais se penche vers elle pour la regarder droit dans les yeux.

SHIZUKA - Je t’apprécie vraiment beaucoup, Scarlett. Je tiens à toi mais je ne suis pas amoureux de toi. Je suis pas ce que tu vois. Ni gentil, ni attentionné, ni même calme. Je suis mauvais, colérique, j’aime jouer avec les gens. Et tu ne mérites pas ça. Je ne veux pas prendre le risque de me mettre avec toi pour ensuite te faire du mal. Non seulement je le regretterais mais ça te ferais beaucoup trop de mal. Je sais que normalement, on vient là pour trouver l’amour mais je peux pas me forcer à t’aimer… Je sais que c’est pas ce que tu demandes là mais voilà, je te le dis. J’aimerais simplement qu’on reste amis. C’est déjà pas mal, non ?

Il essaye de sourire mais ce sourire doit plus ressembler à une grimace qu’à autre chose. Ayant terminé sa tirade, il se redresse et s’assoit sur la chaise derrière lui. Tout penaud, il regarde ses mains et se prépare à toutes les réactions possibles. Résignation, colère, acceptation, même si cette dernière est peu probable. Son visage vire au rouge coquelicot et il soupire brusquement en enfouissant son visage dans ses mains. Il l’en retire quelques secondes plus tard et écarte les cheveux de son visage. Il n’ose pas regarder Scarlett.

Et voilà qu’elle ne dit plus rien maintenant. Shizuka a été gentil, conciliant, il a fait de son mieux pour ne pas trop la blesser mais elle ne répond rien. Il aurait mieux fait d’agir comme il en avait envie. Lui dire que, ma cocotte, je vais pas y aller par quatre chemins, je suis pas amoureux de toi et ça n’arrivera jamais. Fais-toi une raison. Mais non, il a été doux, lui a expliqué le pourquoi du comment. En la voyant totalement muette, il soupire et détourne les yeux. Incapable de soutenir ce regard si triste. Il est même tenté de lui dire qu’il ne comprend pas pourquoi elle en fait tout un plat, qu’il n’est pas le seul garçon sur terre et qu’elle s’en remettra. Mais il n’a pas très envie de s’en prendre une. Que dire ? Il a tout dit et attend une quelconque réponse. Elle pourrait même l’insulter que ça lui ferait plaisir. Au moins il y aurait quelque chose, une réaction, une émotion. Alors que là, il n’y a rien.

Et quand elle lève la main vers lui, il tressaille, pensant qu’elle va vraiment le gifler. Souvenirs de jeunesse de quand c’était son père qui le frappait. Il n’y allait pas de main morte et il doit même rester à Shizuka quelques cicatrices dont celle de son opération du genou quand il est tombé dans les escaliers - une seule fois il a avoué que c’était son père qui l’avait fait tombé, à sa mère, mais il n’a plus rien dit ensuite. Et puis finalement non, elle tend juste la main vers lui. Il la regarde d’un air mi-apeuré mi-interrogateur et finit par la prendre, la serrant tout doucement. Finalement, il attire la jeune femme vers lui et la prend dans ses bras, frottant son dos du bout des doigts.

SHIZUKA - Je suis désolé… C’est tout ce que je peux dire.

Il soupire longuement en enfouissant son visage dans les cheveux oranges de la jeune femme. Elle sent bon. Il n’arrive à penser qu’à ça. Une fragrance douce et limpide mais tenace. Automatiquement, il se serre un peu plus contre elle, sans trop l’étrangler.

Dans les contes de fées, la princesse finit tout le temps avec le bon prince et tout le monde est heureux. Scarlett aura apprit que le prince qu'elle aime ne finira jamais avec elle, à moins qu'elle ne l'ai déjà pensé depuis un bon bout de temps. Et heureuse, elle se demandait si elle l'était. Chez certaines personnes il est dur de vivre avec ça. De son côté, il était dur d'essayer de se dire qu'elle pourait vivre sans lui. Ce mensonge qu'elle se faisait chaques soir en espérant qu'au moins une fois il paraisse vrai, elle n'y a jamais cru une seule fois. Pourtant quelque part Shizuka n'allait pas rester seul toute sa vie, coupes le cordon Scarlett ! Comment ferait-elle à la sortie de l'émission ? Elle n'y a jamais pensé. Tout ce qu'elle savait c'est que quand elle était dans ses bras, elle allait mieux, et que les choses changeraient si ce n'était pas lui. Elle aime ces cheveux don elle pourait presque être jalouse quand il en prend soin, -or ce n'était pas de sa faute si la rousse lui ébouriffait les cheveux- le fait qu'il ne dise rien inutilement pour couvrir le silence, quand il tente de la faire rire, mais aussi ses bras dans lesquels elle se réfugie à chaque fois que ça ne va pas. Lorsqu'il l'attire vers lui, elle daigne enfin à le regarder, un peu surprise mais toujours aussi pâle que quelques minutes avant.

SHIZUKA - Je suis désolé… C’est tout ce que je peux dire.

Pendant quelques minutes, son silence se prolonge jusqu'à ce qu'elle entende ces excuses.
Pourquoi s'excusait-il, parce qu'il ne l'aimait pas de la même façon qu'elle ? C'était possible, et dans cette situation là elle ne pouvait pas lui en vouloir. Franchement à quoi est-ce qu'il s'attendait ? Qu'elle lui balançe tout les verres qu'il pouvait y avoir dans cette pièce ? Elle n'avait certes pas l'air très vivante mais s'il s'attendait à ce genre de réaction, il serait vachement déçu le p'tit blond. Elle pose son menton sur son épaule avant de jouer avec ses mèches presque plus blondes et lui demander avec le peu de voix qu'il lui reste ;

Scarlett - Shizuka, est-ce que tu pourais me faire une promesse ?

La jeune rousse s'écarte un instant pour le regarder, hochement de la tête venant de lui.
Première règle élémentaire chez l'homme; ne jamais rien promettre avant d'entendre de quoi il est question. Quel mauvais élève tu fais, Shizu' ! Elle repose son menton ainsi que ses bras au niveau de ses épaules et reprend ;

Scarlett - Ne changes pas. Enerves toi si tu veux, dis moi ce que tu as sur le coeur, je saurais faire, en tout cas je supporterai. Et puis dans le cas contraire ça n'a absolument aucune importance,dis moi ce que tu as sur le coeur même si tu dois me blesser... Ris si tu as envie de rire... Pleures si tu en as envie... Mais restes toi même, s'il te plait ...

A ce moment là, la jeune rousse se rend compte que c'est la première fois qu'elle l'appelle par son prénom. A force d'avoir l'habitude de le déformer en l'appellant fromage, ce détail ne passe pas inaperçu chez elle en tout cas. Elle se remercie vaguement dans sa tête pour ne pas l'avoir détruit et ses lèvres sont de nouveau sous l'emprise de la colle forte. Regardant le temps dehors à travers cette frange qui lui sert de rideau pour les yeux, Scarlett y voit des nuages sombres qui ne lui disent rien de bon. Malheureusement pour elle, il sait à quel point elle a peur de l'orage et ce que ces grondements peuvent lui rappellés . N'y pensant pas trop, elle reporte ses pensés à sa réponse et se rend aussi compte que Shizuka ne s'est jamais emporté ni énervé avec elle. Se contenait-il ? Se forçait-il à la supportée ? Tout d'un coup, ces questions l'intéressent. Elle ni avait jamais songé. Et maintenant elle n'arrive plus vraiment à réfléchir, juste à cause de ces questions. Ses larmes se remettent à couler mais elle y passe sa main discrètement pour les ârretées.

Shizuka déteste le silence. Il l’oppresse et le rend nerveux. Comme ces moments, quand il était petit, où il restait enfermé dans sa chambre pendant des heures parce qu’il était puni. Il contemplait le plafond blanc, n’entendant même pas sa propre respiration. Et il comptait le nombre de fissures en se demandant quand il pourrait sortir. Depuis, il est un peu silenciophobe, comme il aime le dire. Heureusement, une fois sa Scarlett dans ses bras, il écoute sa respiration douce en caressant son dos. Il la laisse jouer avec ses cheveux. Pour une fois, ce n’est pas grave si elle le décoiffe, même s’il déteste ça. Il embrasse doucement sa joue. En entendant sa demande, il la laisse d’abord s’écarter puis hoche positivement la tête. A ce stade, il lui promettrait tout et n’importe quoi, quitte à le regretter ensuite. Pendant qu’elle parle, il la regarde très sérieusement sans montrer la moindre émotion alors qu’intérieurement, il n’a qu’une envie : celle de s’en aller très loin. Il aimerait fuir pour ne rien avoir à promettre. Surtout les demandes d’une fille qu’il a renvoyée. Si c’est quelque chose du genre « n’ai aucune autre histoire dans ce jeu », il part en courant et en hurlant.

Voilà autre chose. Elle lui demande de rester lui-même mais il n’a jamais cherché à changer. Il ne veut pas changer, justement. Il hausse un sourcil. Ce n’est pas très compliqué ce qu’elle lui demande. Il a toujours été honnête et sincère avec elle. Affichant un grand sourire, il prend son visage entre ses mains et plaque un long baiser sur sa joue. Puis il s’affaire à essuyer ses larmes. Son sourire s’efface peu à peu. Il ne devrait pas sourire comme un benêt alors qu’elle est triste. Il n’irait pas jusqu’à dire qu’il lui a brisé le cœur, mais presque. Alors du coup, il la force à le regarder.

SHIZUKA - Toi aussi, fais-moi une promesse. Promets-moi de toujours garder sourire et joie de vivre quoi qu’il arrive. Souris même si tu as envie de pleurer et surtout, ne perds pas espoir. Qu’est-ce que je ferais sans ma Reddy, aussi ?

Au moment même où il prononce ses mots, il se trouve affreusement égoïste. Il vient juste de lui dire qu’il n’est pas et ne serait peut-être jamais amoureux d’elle et voilà qu’il lui demande à présent de garder le sourire. Il s’éclaircit brusquement la gorge et s’écarte un peu. Son visage est devenu écarlate mais il n’essaye pas de réparer les pots cassés. Ce qui est dit est dit.

Sourire et garder espoir, le soit disant remède miracle ! Pendant un moment, Scarlett est tentée de lui répondre que sans sa Reddy, il n'aurait pas à se faire du souci, pas à faire de promesses.
Mais elle se tait, par peur de s'emporter, elle lui cause assez de problèmes comme ça. S'emporter... Cela fait un moment d'ailleurs qu'elle ne s'énerve avec personne, elle se contient , quelque fois garde cette série de larmes qu'elle finit par ne plus contrôler .Et là, Shizuka lui demande de sourire parce qu'il ne peux pas supporter de la voir de cette façon. Rien de plus simple c'est comme si le temps revenait en arrière. Avant, personne ne savait ce qu'elle ressentait, ses émotions étaient masquées, jusqu'à la mort de sa mère, qui l'a rendue tellement vulnérable après. Oui, il fallait juste qu'elle en ai l'habitude, une fois de plus. Elle sourirait si bien que personne ne se douterait qu'au fond, tout va mal. C'était ce que voulait le petit blond non ? Elle lui faisait porter tout ce qu'elle n'a pas réussi à porter pendant un si long moment, alors la moindre des choses c'était d'accepter. Mais garder espoir, pourquoi ? Pour les autres personnes présentes qu'elle n'avait encore jamais rencontrer ? Etait-il entrain de se dire que Scarlett pouvait s'en remettre assez rapidement ? Dans cette situation là il se trompait. Maintenant que ce sentiment est là, il n'est pas prêt de partir. Pas d'aussi tôt en tout cas. Scarlett écarte légèrement ses cheveux qui l'empêchent de le voir, ses yeux verts regardent ceux de Shizuka histoire de comprendre quelque chose, n'importe quoi. Mais rien du tout, rien ne lui parvient. Elle hoche à son tour la tête et cesse de le regarder en reposant toute son attention vers la fenêtre où elle finit par aller.


"En Ecosse, tout le monde est heureux". Qui a dit cette maleureuse idiotie déjà ? Elle ne s'en souvient pas, cela vient probablement d'un film qu'elle a regarder plus dans l'ennui qu'autre chose. Quoi qu'il en soit, ces personnes là n'ont jamais eu le malheur de tomber amoureux dans une émission. Ni la chance de tomber sur quelqu'un d'aussi compréhensif. Scarlett reste près de la fenêtre, mine de rien elle réfléchit beaucoup plus face à ce temps des plus désastreux. Elle se dit "Aller souris Scarlett, ce n'est pas dur de sourire. Enfin mentir à la personne qui se trouve être celui que tu aimes si. Cela se trouve être totalement impossible mais est-ce que ce n'est pas ce qu'il demande, l'impossible ?" .Elle imagine la situation que tout ça aurait été si elle ne lui avait pas dit. Il se serait emporté, n'aurait pas essayé de la comprendre peut être. Et aurait attendu qu'elle lui dise... Dans tout les cas, elle aurait craqué et lui aurait dit. Alors elle laisse tomber cette solution de se consoler de cette façon. Elle rompt la moitié de la promesse, mais mis à part les caméras, personne ne le saura car quand elle revient du côté où est Shizu', ses larmes ne sont plus là. C'était bien ce qu'il lui demandait non ? De l'épargner de tout ça... Dans ce conte de fées, les deux personnages sont quelque part égoïstes. La princesse tente de sourire, mais à l'intérieur détruit ce qu'il reste de son coeur car elle est amoureuse. Et quant au prince... On ne sait pas vraiment. Elle regarde Shizuka puis finit par lui dire ;

Scarlett - Et moi, qu'est-ce que je ferais sans "Cheese"?

Et là il y'avait des tas de réponses. Mais alors des tas de réponses possible. Cependant il y'en avaient deux qui étaient hors du lot, elle redeviendrait maladroite. Il lui avait éviter des tas de chutes, autant pour les verres et tout objet suceptible de se casser qu'elle. Et puis elle ne serait pas amoureuse. Scarlett est des personnes qui ont du mal à croire que les sentiments changent totalement. Même le clône de Shizuka ne lui aurais pas autant plu que lui. Il aurait pu être grand, supérieur à lui dans tout les niveaux, rien n'aurait changer chez elle. Elle aimait ce petit blond qui mine de rien prenait quelques centimètres de plus qu'elle quelques fois. C'est pour ça qu'au moment où je vous parles, elle essaie de se dire que rien ne changera chez eux... Elle lui sourit faiblement. C'est tout ce qu'elle pouvait faire pour le moment. Les choses iraient mieux demain, un tout petit peu mais, c'était déjà ça de gagner non ? Agitant ses mains pour lui faire comprendre qu'il n'est pas obligé de répondre à cete question, la jeune rousse revient s'asseoir à ses côtés et pose sa tête contre l'épaule de celui-ci. Ses cheveux roux se mêlent à ceux de Shizuka pour donner une couleur étrange qu'elle observe longtemps.

Shizuka a appris à force de déception qu’on apprend toujours à oublier et qu’il faut bien s’en remettre sinon on devient fou. La preuve il a bien réussi à oublier tous ceux qu’il aimait. Enfin pas réellement mais il n’a plus aussi mal quand il pense à eux. Quand même un peu mais plus trop. Il arrive à ne pas pleurer à chaque fois. Mais c’est maintenant qu’il a envie de pleurer. Légèrement empathique sur les bords, la voir pleurer lui donne envie aussi. Et pourquoi il ne jouerait pas les lâches à partir en courant et l’éviter pour le reste de son séjour ici ? Ce serait difficile mais faisable. Il n’a pas besoin d’elle pour survivre. Ou peut-être que si. Il tremble un peu, tête baissée pour cacher ses yeux humides. Il cherche des raisons pour l’aimer comme elle l’aime. Il en trouve. Elle est douce, gentille, sincère, patiente. Et pourtant rien n’y fait. Comme il lui a dit, il ne peut pas se forcer à l’aimer. Qu’est-ce que ça changerait ? Après ce qu’il vient de lui balancer à la figure, il ne peut pas changer d’avis. Il n’y arrive déjà pas. Il plonge le visage dans ses mains et soupire longuement pour essayer de retenir ses larmes.

Au moment où il relève la tête, il ne voit plus Scarlett. Elle est assise à côté de lui et pose sa tête sur son épaule. Il se crispe un instant, ne comprenant pas pourquoi elle revenait vers lui alors qu’il l’avait envoyée sur les roses. Voyant qu’installée sur son épaule, elle ne bouge plus, il finit par se détendre et passer un bras autour de ses épaules. Et puis en fait, il décide de carrément la prendre dans ses bras, la serrant contre lui. Il enfouit son visage dans son cou, laissant ses cheveux roux effleurer ses paupières. Il se sent mal pour elle à présent et regrette de lui avoir dit la vérité. Il s’était bien promis d’être sincère tout du long, de ne pas jouer les pestes qu’il est dans la vie de tous les jours, de toujours dire la vérité. Mais à présent, il se dit plutôt qu’il aurait du fermer sa grande gueule. L’honnêteté fait mal, parfois, c’est la leçon du jour. Relevant légèrement la tête, il pose son menton sur l’épaule de Scarlett et couine.

SHIZUKA - Tu serais pas si mal…

Il marmonne encore un peu et passe de l’anglais au japonais sans s’en rendre compte. Il se tait quelques secondes plus tard, rouge de honte. Il n’aime pas passer d’une langue à l’autre sans faire attention, juste parce qu’il ne sait pas très bien parler anglais. Pas aussi bien qu’il ne parle japonais ou chinois. Il se redresse et prend le visage de Scarlett entre ses mains, souriant doucement car il vient de se rendre compte qu’elle l’a appelé Fromage. Il aime bien ce surnom même s’il n’est pas forcément très flatteur. Son ventre grogne pile au bon moment. Ou au mauvais moment, tout est relatif et une question de point de vue. Son visage s’enflamme encore plus et il s’éclaircit bruyamment la gorge, histoire de faire comme si de rien n’était. Il s’écarte doucement et baisse les yeux, n’osant rien dire. D’autant que dans ce genre de situation, il ne peut que dire « j’ai faim ». Alors cette fois-ci, il estime qu’il fait mieux de fermer sa gueule.

Lorsqu'il la prend dans ses bras, Scarlett regrette de lui avoir retourner la question sans y avoir réfléchit deux secondes. Parce qu'à son avis, des questions de ce genre, même si on lui avait interdit d'y répondre, il y aurait quand même répondu. Et d'ailleurs à ce sujet, il était entraint d'y répondre ! Malgré le fait qu'elle ce soit préparée à cette réponse là, elle ne peut pas s'empêcher de légèrement frissoner. Que pouvait-elle lui dire ? Oui peut être ? Quelques fois la vérité est tellement mauvaise à dire. Elle passe une main dans ses cheveux et lui ebouriffe légèrement au passage en lui disant que c'est vrai mais qu'elle va bien. Le mensonge a l'air vrai, presque vrai seulement ce n'est pas le cas. On ne peut pas aller bien et mal à la fois Scarlett ! Tout ira mieux les prochains jours, peut être. Mais pour le moment elle se contient même si elle sait que ces larmes finiront par revenir, "autant qu'elles soient discrètes"; c'est ce qu'elle se dit. Et c'est bien le premier mensonge qu'elle a presque réussit à raconter, même si le p'tit blond ne doit pas être très convaincu maintenant qu'elle se rend compte qu'elle a encore fait une erreur.

Lorsque Shizuka passe d'une langue compréhensible à une autre qui ne l'est pas, la jeune rousse aimerait comprendre mais ne comprend absolument rien. Les yeux écarquillés pendant un petit moment, elle tape doucement son épaule histoire de le ramener à la version anglaise, ce qui n'arrive pas. Il prend le visage moins pâle de Scarlett entre ses mains et sourit enfin. Tout compte fais, peut être que si elle avait été à sa place elle lui aurait demander la même chose, de sourire. Parce que le voir de cette humeur là n'était pas très agréable, notament si c'était de sa faute. Le ventre de Shizuka se manifeste et son visage doit probablement être en surchauffe vu sa couleur. A ce moment là, Scarlett ne peut pas s'empêcher de rire. Ce léger rire envahit la pièce qui quelques minutes auparavant était couvert d'un voile de silence.

Scarlett - T'es presque aussi rouge que mes ch'veux, imagines un peu Shizu'

Elle cesse de rire et reprend;

Scarlett - Franchement,il n'y a que toi qui peux manger plus de trois fois entre les rep..-

Cette fois là, c'est celui de Scarlett qui se manifeste pour répondre à celui de Shizu' «T'es pas seul». Elle pique un fard avec cette moue contrariée en marmonant un "toi, merci de me soutenir !". Soit dit en passant, quelle bande de goinfre. Alors que des tas de personnes se tue à perdre ne serait-ce que deux misérables kilos, ils s'exposent à la télé sans même se rendre compte que ce détail pourait en faire râler plus de deux, les vilains !

Dans ces moments-là, Shizuka a envie de disparaître et s’enfoncer à trois pieds sous terre. Mais comme il n’a pas de p’tite pelle pour creuser jusqu’à la chute méridionale, il se contentera juste d’espérer pouvoir couler sous la table. Ce sera déjà pas mal. Si tant est que son foutu ventre daigne se taire au lieu de gronder comme s’il y avait un tremblement de terre ou l’entrée en ébullition d’un volcan. Là, c’est plus le mont Fuji endormi mais plutôt le Piton de la Fournaise avec une éruption tous les ans. Bon, pour Shizuka, c’est une éruption toutes les deux heures. C’est petit ce qu’il fait, de tout le temps bouffer sous l’œil des caméras, sans faire de gym, sans prendre un gramme, alors que de pauvres gens à l’extérieur crèvent de jalousie. Mais après tout, il ne les voit pas ces gens, alors il s’en fout. Il a vraiment trop faim. A la première remarque de Scarlett sur son visage et les cheveux de cette dernière, il rougit encore plus. Voilà, là il pourrait faire cuire des œufs sur ses joues. Et il pense encore à de la nourriture ! Il éclate de rire en prenant ses mains entre les siennes. Son fou rire redouble quand il entend le ventre de Scarlett gronder.

SHIZUKA - Oh tu peux parler toi. Putain non mais j’ai trop faim. C’est plus possible.

Il essaye de détendre l’atmosphère en faisant l’imbécile. Sinon, il risque de péter un câble. Il s’arrête un instant devant le reste des spaghettis. Mais là, ce qui lui fait envie, c’est du sucré. Surtout ces délicieuses céréales au chocolat qui résident patiemment dans le placard en attendant qu’il les mange. Il va justement les déloger, attrapant aussi un bol et une cuillère à soupe. Il se sert un grand bol de céréales, sans lait. Revenant vers Scarlett, il pointe la casserole.

SHIZUKA - T’en veux ? Ou autre chose ? Enfin moi j’te préviens, je cuisine plus.

Et sur ce, il enfourne une grande cuillère de céréales et mâche, et mâche. Et ça en fait du bruit, les céréales sèches. Mais qu’est-ce que c’est bon. Il lâche un gémissement de plaisir et se rassoit à côté de Scarlett. Un peu pour se faire pardonner, un peu pour se faire plaisir, il se penche vers elle et, malgré sa bouche pleine, il l’embrasse sur la joue. Elle a la joue toute douce, encore un peu humide. Heureusement, elle ne pleure plus. Ça fait du bien de la voir un peu moins pâle, un peu plus souriante, un peu plus… Presque enjouée. Même si ce n’est qu’en façade. On commence par l’extérieur et on s’enfonce vers l’intérieur. Il est certain que demain, elle ira déjà un peu mieux.

SHIZUKA - T’en fais pas, Reddy. Tu trouveras beauuuucoup mieux !

Lorsque Scarlett entend ces mots de la part de Shizuka, elle le regarde de ces yeux légèrement ahuri. Comment ça il ne cuisine plus ? Ces paroles écorchent ses oreilles. Il sait très bien à quel point son niveau en cuisine est des plus déplorables ! Alors quand il se ramène avec ce bol de céreales, la déception s'affiche sur son visage. Elle voudrait le secouer et lui dire "non, ce.. C'est pas possible !" , mais elle a beaucoup trop peur qu'à cause de ça il s'étouffe, alors elle croise les bras et toise le bol de cereales en disant ;

Scarlett - Pas moyen que tu me cerealises.

Il y'avait des mots bizzares, comme ça, que Scarlett inventait et qu'elle disait sérieusement en plus de ça. Cerealiser ; Convertir quelqu'un à l'art de manger des cereales n'importe quand dans la journée. - Ce n'est même pas un art d'abbord ! - Et au lieu de réagir à sa remarque, il se penche pour déposer un baiser sur sa joue avant de lui dire ;

SHIZUKA - T’en fais pas, Reddy. Tu trouveras beauuuucoup mieux !

Elle savait très bien de quoi il parlait, mais elle a préféré faire comme s'il parlait des céreales, même si elle passait pour une idiote après.

Scarlett - Quoi, que les popcorns au caramel ? Pas moyen, c'est mon éternel âme soeur. Même tes céréales n'y feront rien.

Les popcorns au caramel en l'occurence, c'était lui. Et les cereales, allez savoir !
Quand il a fini sa première cuillière et qu'il s'aprêtait à parler, Scarlett lui a rapidement piquée pour le servir une seconde fois. Elle soupire longuement, plus par soulagement qu'autre chose et finit par lui dire avant de se lever pour aller se chercher quelque chose.

Scarlett - Ne parles pas la bouche pleine, moi je vais me chercher quelque chose d'autre.

Devant le congelateur ouvert, la jeune femme aux cheveux roux se demandait si elle rêvait. Cela faisait une semaine qu'elle n'avait pas toucher aux glaces Ben&Jerry's, ou peut être plus ! Tout ça parce qu'elle ignorait qu'il y'en avait ici. Prenant celui aux cookies, elle revint s'asseoir à côté de Shizuka avant de repartir se chercher une cuillière à café, il n'y avait qu'elle pour en manger avec un temps pareil . Au fond, les choses n'avaient pas vraiment changées. Certaines choses changeraient, elle en était sûre mais, pour le moment pratiquement tout était intact chez eux. Quelques vases cassés peut être, mais ça allait. Les choses avaient l'air d'aller. Scarlett quelque part, contenait ses larmes. Mais qui s'en souciait ? Exactement, personne, alors c'était parfait ! Elle se sert à son tour, et la première cuillière, la rousse ne peux pas faire taire ce cri du coeur.

Scarlett - Je reviiiis. Cela doit faire deux décenies que je n'ai pas manger de glaces... Deux semaines enfaite, mais elles étaient tellement longues et rapides à la fois . Tu ne penses pas ?

Rapides quand elle passait les plus grandes parties de son temps avec lui. Et lentes, quand il n'était pas là. Lentes quand elle se perdait au bout de cinq petites minutes. Elle sourit un peu en y pensant. C'était son premier vrai sourire de la journée. Et à ce moment là, elle a trouver la réponse à propre question. Sans lui, elle ne serait pas heureuse. Pas vraiment heureuse. Sinon pourquoi est-ce qu'elle serait venue ici, hn ? Il pouvait la rendre heureuse et malheureuse s'il le souhaitait, il suffisait de quelques mots, quelques petits gestes pour la blessée. Et c'est ce qu'elle supportait le moins là-dedans, le fait d'être impuissante. Elle penche sa tête en arrière pour regarder le plafond, quarante huit heures peut être et elle irait mieux. Si ce n'était pas le cas, demain, ce serait de la comédie, rien que de la comédie. Ou peut être s'enfermera t-elle quelque part ? Non ... Elle a essayé, une journée de vivre sans Shizuka. Au bout d'à peine trois heures, elle était dans ses bras. Ils ne se séparaient presque pas. Certaines personnes les voyaient comme un couple et seraient plus ou moins déçus d'apprendre qu'enfaite, non. Ils avaient beau dormir dans le même lit, ne pas se lâcher pendant plus d'une heure, bien s'entendre. Ils n'étaient rien de plus qu'amis. Amis proches disons. Et d'un autre côté, celui des filles, il y'en aurait des moins déçues, voir pas du tout déçue. Beaucoup ont déclarée le trouver à leur goût, mais combiens le connaissaient vraiment ? C'était la question. Scarlett ne l'aimait pas principalement pour ce qu'il faisait ressortir de l'exterieur. Elle l'aimait parce qu'il ne se prenait pas la tête, pas très souvent en tout cas. Parce qu'il était simple et à la fois compliqué à comprendre. Sincère, drôle, elle pourait vous en faire une liste vous savez ? Même si elle ne le connaisait pas totalement, elle l'aimait en tout cas... Pas de la même façon que ces filles. Et en y pensant en regardant le plafond, elle se dit alors dans sa tête ; "Non Shizu', je ne trouverai pas mieux que les popcorns au caramel".

Et voilà, elle invente des mots maintenant. Céréaliser. Heureusement qu’il a un traducteur scarlettien intégré depuis qu’il la connaît, sinon, il chercherait encore. Qu’est-ce qu’elle peut en inventer des mots, comme ça. Outré, Shizuka lève le nez en l’air, à la manière des pimbêches qu’il voyait faire en primaire, et lâche un petit couinement de dédain. D’ailleurs c’est très bon les céréales. C’est peu calorique (mon œil !). C’est équilibré (ben voyons). Et en plus, ça a très bon goût. D’un mouvement de tête limite princier, il dégage ses cheveux de son visage. Après son baiser, quand elle lui parle des popcorns au caramel, il la regarde avec de grands yeux ahuris et grimace.

SHIZUKA - C’est immonde. Comment tu peux manger ça ? Ça doit être dégueulasse. Et puis c’est sucré ! J’ai pas envie de grossir, personnellement. Déjà que j’ressemble à une planète. Les céréales c’est mieux.

Pour ponctuer son geste, il va pour reprendre une autre cuillérée de céréales quand Scarlett lui arrache non seulement ladite cuillère mais aussi le bol. Il se retrouve donc la bouche grande ouverte avec une main levée au niveau de sa poitrine, paume tendue vers le ciel. Et il la suit des yeux. Il n’y a à présent que ça qui bouge chez lui. Les yeux. Comment voulait-il qu’il parle la bouche pleine, elle lui a piqué son bol ! Shizuka devient très grognon voire même agressif quand on essaye de lui voler sa nourriture, même temporairement. Il repose ses petits poings serrés sur ses genoux. Là, il se contient pour ne pas être trop méchant et lâche juste un petit râle rauque, comme les chiens qui grognent. Qu’est-ce qu’elle regarde si intensément dans le congélateur ? Il veut son bol lui. Quand elle sort enfin la tête de ce foutu congélateur qui lui subtilise l’attention de Scarlett ainsi que son putain de bol de céréales, il soupire. De la glace. Elle n’a rien trouvé de mieux ? Il frissonne. Déjà qu’il a froid, si en plus elle bouffe de la glace sous son nez. L’air frais du congélateur lui parvient enfin et le fait claquer des dents. Il se recroquevillerait bien dans son magnifique pull à rayures bleues et blanches. Enfin, elle se rassoit avec sa glace foutrement froide et pose le bol sous son nez. Il l’attrape et enfourne une grande cuillère de céréales, juste pour l’emmerder et mettre tant de temps à mâcher qu’il devra parler la bouche pleine. C’est un sale gosse, il en a toujours été un. En plus, ça marche.

SHIZUKA - Je déteste les glaces. C’est froid. En plus je me gèle, putain !

Il frissonne et le bol tremble dans ses mains. Celles-ci, tout comme ses pieds et son nez, sont glaciales. Il a toujours eu des difficultés à se réchauffer. A contrecœur, il pose le bol juste devant lui et pose ses deux mains sur son nez. Il a l’impression qu’il va tomber et rouler par terre, sous la table. Beurk. Dégueulasse comme vision. Bon après tout, marcher pieds nus dans toute la maison, en bermuda et un simple t-shirt sous son pull, ce n’est pas très malin. Mais il a la flemme de remonter dans la chambre se changer. Finalement, il se décide à répondre à la vraie question de Scarlett.

SHIZUKA - Je ne sais pas. Peut-être, je n’ai pas fait attention.

En effet, quelque chose d’autre occupe son esprit depuis quelques jours mais il ne dira rien à personne. Même pas à Scarlett. Manquerait plus qu’elle sache… Non, il ne peut rien lui dire. Elle le tuerait. De toute façon, c’est un secret entre lui et lui. Personne d’autre. Il hausse les épaules et reprend :

SHIZUKA - Comment peuvent-elles être longues et rapides à la fois ? Deux semaines ne sont que deux semaines. Je ne crois pas que le temps ait vraiment de l’importance. Ce qui importe, ce n’est pas plutôt ce que l’on fait de ce temps ?

Il la regarde du coin de l’œil avec un petit sourire au bord des lèvres. Fier d’une réponse qui n’a ni queue ni tête. Mais il s’en fout. Tout ce qui compte c’est d’enlever à Scarlett ce sujet philosophique de la tête. Il n’aime pas philosopher. Il ne se rend pas compte à quel point sa réponse peut être blessante. Il ne pense pas qu'elle pourrait s'imaginer qu'il s'ennuie, même avec elle. Non, ça ne lui effleure pas l'esprit.

SHIZUKA - Comment peuvent-elles être longues et rapides à la fois ? Deux semaines ne sont que deux semaines. Je ne crois pas que le temps ait vraiment de l’importance. Ce qui importe, ce n’est pas plutôt ce que l’on fait de ce temps ?

Scarlett ne sait pas quoi répondre à ça. Elle ne sait pas quoi faire non plus alors elle le regarde dans le but de comprendre et comme le plus souvent, elle ne comprend pas vraiment. Voyant les mains du concerné faire trembler le bol de céréales, elle se lève et déplace sa chaise pour la remettre au point de départ, voir un peu plus loin et s'assoit sans rien dire. Elle aurait très bien pu partir s'asseoir au bout de la piece ou prendre la porte qu'il ne l'aurait pas remarquée, elle ne relève pas vraiment ça en se disant que tout le monde a ses moments d'absences... La réponse met un certains temps à arrivée puisque la petite rousse se pose des questions. Ou plutôt voit une petite affiche de vérité se dévoilée ; Shizuka se fiche peut être totalement d'elle. Peut être même qu'elle n'a jamais eût d'importance et qu'elle est là pour combler le vie que l'ennuie créer. Posant d'un geste assez calme sa glace aux cookies sur la table au risque de la faire tombée, ou même de la balancée à Shizu' (pourquoi pas ?) elle regarde de nouveau le temps à la fenêtre puis lui répond alors ;

Scarlett - T'as peut être raison en fin de compte...

Remarquant qu'elle ne pense pas un mot de tout ça, son regard reste posé sur cette fenêtre. Elle ne ment jamais en regardant quelque'un dans les yeux, ou n'arrive jamais en regardant quelqu'un dans les yeux . Qu'est-ce qu'elle aurait aimé que le temps remonte en arrière, jusqu'à ce qu'elle tombe sur ce journal et je dis bien "tomber" parce que c'est ce qu'il s'est passé. Elle n'aurait pas à autant souffrir. Ces pensées égoïstes la ramènent à la réalité. La réalité c'est qu'elle est amoureuse de quelqu'un qui, probablement, ne se soucie pas d'elle et finira avec un autre quelqu'un à un moment ou l'autre. Et quand cette réalité lui sautera aux yeux comme la dernière, son coeur sera plus bousillé qu'il ne l'est là. Pour le moment elle essaie de penser à quelque chose d'autre en faisant mine d'être heureuse alors qu'au fond peut être que partir ne lui ferait pas de mal. Elle regarderait surement l'émission parce qu'elle n'aura pas pu s'en empêchée, et Shizuka le manquerai bien évidement. Mais peut être que c'est une décision positive ? Peut être pas. Pour le moment elle est là, mais qu'est-ce qu'elle souhaiterait pouvoir être loin ... C'est surement le prix à payer pour être amoureuse ; être blessée à n'importe quel par la personne qu'on aime. Pauvre D'jou.

En l’entendant, Shizuka ne peut s’empêcher de la dévisager bêtement. Ce n’est pas le genre de Scarlett d’accepter sans discuter. Il se rend compte que tout ça n’est pas fait pour lui. Il n’aime pas briser des cœurs mais il ne peut pas non plus se forcer à aimer. Il déteste ce genre de situation. Elles lui font peur. Il ne l’a vécu qu’une fois dans sa vie. En Seconde, avec une fille qu’il connaissait à peine. Il se souvient encore de ce qu’il lui a dit. « Qu’est-ce qui te fait penser que tu m’intéresses ? Tu te crois assez bonne pour draguer tous les mecs que tu croises mais j’suis pas aussi con que les autres. Casse-toi, tu me soûles déjà. » Bon il avait des circonstances atténuantes. D’un, il était un peu bipolaire sur les bords, et de deux, cette fille était sortie avec tous les mecs du lycée. La rumeur s’était rapidement répandue qu’il était gay. Evidemment, elle n’allait pas dire qu’elle s’était faite jetée pour les raisons qu’il lui avait brièvement énoncées. Elle aurait pu. Mais pas son genre.

Au contraire, il avait fait vivre ce genre de situation à pas mal de garçons. Quatre s’il compte bien. Et les quatre ont changé d’avis au bout d’une semaine en le voyant si déprimé. Il maîtrise bien l’art du regard de chien battu. Très bien. Trop bien. Mais là, c’est carrément au-dessus de ses forces. Il adore Scarlett, c’est un peu comme sa petite sœur. Cependant, il ne veut pas lui mentir. D’autant qu’il n’a absolument pas la tête à ça en ce moment. Cela dit, pourquoi ne ferait-il pas exactement comme ces garçons ? Il attend une semaine et revient vers elle en lui disant qu’il avait tort sur toute la ligne, qu’ils sont faits l’un pour l’autre, qu’ils… Parce que ça ne marcherait tout simplement pas ! Elle n’est pas aussi conne que lui. Par quatre fois, il y a cru, par quatre fois, leur histoire s’est terminée aussi vite qu’elle a commencé. Revenant soudain à la réalité, il pose un peu trop brutalement son bol sur la table et se lève. La chaise racle le sol. Il a les larmes aux yeux mais aucune ne déborde.

SHIZUKA - Je suis désolé, Scarlett. Je ne sais pas comment on fait face à ça… Je suis pas très doué pour consoler les gens… Surtout quand c’est moi qui fous la merde.

Et sur ce, il contourne la chaise de Scarlett sans la toucher ni même l’effleurer et sort dignement, tête haute, ravalant la honte qui lui tombe sur le coin de la gueule. Au moins, il ne lui a pas dit qu’elle ne pouvait plus venir le voir quand bon lui semblait, même s’il doute fortement qu’elle veuille le revoir après ça.

Lorsque le bol de céreales se pose brutalement sur la table, Scarlett sursaute un peu et son attention se porte de nouveau vers Shizuka. Elle ne voit son visage que quelques petites secondes après qu'il ait fini de parler mais elle est sure de ce qu'elle a vu. Des larmes. C'est bien une des choses qu'elle s'attendait le moins à voir sur son visage, des larmes.

SHIZUKA - Je suis désolé, Scarlett. Je ne sais pas comment on fait face à ça… Je suis pas très doué pour consoler les gens… Surtout quand c’est moi qui fous la merde.

Sur ces paroles, il quitte la pièce en passant à côté de Scarlett qui n'a pas le temps de réagir. Les mains de la rouquine tremblent un peu et refusent de bougées. Elle aurait voulu que sa main puisse bougée pour attrapper son bras avant qu'il ne parte mais voir Shizuka dans cet état l'a un peu surprise... Savoir en plus que tout ça est de sa faute n'arrange pas les choses. Elle finit par lentement se lever et courir vers la porte, il n'est pas très loin mais ça ne l'empêche pas de courir pour autant. Lorsqu'elle est assez proche de lui, ses mains se tendent vers ses épaules et elle le plaquent contre le mur le plus proche avant de faire ce qu'elle s'est promit de ne jamais faire, le gifler.

Scarlett - Et tu penses qu'en partant ça arrangera quelque chose ? Tu penses peut être que au bout de quelques semaines, quelques jours je serai passée à quelque chose d'autre et que la seule place que tu auras gagné pendant ce temps, ce sera mes souvenirs ? Si je ne tenais pas autant à toi est-ce que tu crois que je.. Bon sang Shi... Shizuka... J'ai besoin de toi ... C'est égoïste et je ne dirais pas le contraire mais s'il te plait, s'il te plait.. Reste...

Sa colère fond pour laisser place à ses larmes, et à ce moment là elle s'écarte. Elle ne s'est jamais autant énervée depuis... Un certains long moment. Scarlett a toujours su garder son calme face aux situations les plus embarassantes qui puissent existées. Elle ne pleurait que quand il y'avait de l'orage ou pour quelque chose vraiment important à ses yeux. Autant dire pas très souvent. Mais depuis qu'elle a rencontré Shizuka, elle pleure, sourit, rit, pleure, et garde ce sentiment étrange à l'intérieur de son coeur qui ne cesse de prendre de la place et se sent coupable de ça. Cependant elle ne s'était pas sentie aussi bien depuis de longues années. Elle ne s'était jamais sentie autant en sécurité aux côtés de quelqu'un d'autre que les gens du groupe. Et perdre ça. Perdre tout ça, ça la bousillerait... Elle se laisse tomber le long du mur et se retient de lui avouer que s'il partait, elle aurait du mal à vivre de la même façon qu'avant. Elle couvre son visage de ses mains et ne dit plus rien. Elle se décale juste du mieux qu'elle peut, mais ses jambes ne l'écoutent pas. Ses jambes ne l'écoutent plus depuis qu'elle connait Shizu', même pas pour courir. Comme une fois lorsqu'elle l'embêtait alors qu'il pratiquait un de ses passe-temps favorit sur le transat; dormir. Elle lui avait balancer de l'eau froide dans le dos et par la suite avait tenté de s'enfuir mais s'est retrouvée dans la piscine. C'est de cette même façon qu'elle avait découvert qu'il ne savait pas nager. Mais elle n'a jamais essayé de le provoquer avec ça, au risque de s'en prendre une. Et voila qu'elle est là, à lui demandé de rester sans lui demander son avis. Elle a rompu sa promesse de garder le sourire, mais à votre avis, qui aurait pu la tenir ? Pas Scarlett en tout cas. Elle pourait vous promettre de ne plus manger de glace Ben & Jerry pendant un mois si elle vous aime, mais ça, non. Pas quand elle ne maîtrise plus ses sentiments. Elle n'attend pas qu'il réagisse, peut être même qu'entre temps il a du partir vu le long silence qui occupe les couloirs, ça ne l'étonnerait pas. Il pourait très bien lui rendre le coup, l'insulter que ça ne l'étonnerait pas. Pour le moment elle n'ose pas le regarder et garde son visage à l'intérieur de ses mains. Celle de droite lui brûle encore pour son geste, mais elle ne le fait pas ressortir. Scarlett tente juste de s'écarter le plus possible et peut être se fondre au décors.

Shizuka ne court pas. Il marche d’un bon pas vers la porte. Il se hâte. Il se dépêche. Il espère avoir passé cette putain de porte avant que Scarlett ne se lève pour pouvoir détaler comme un lapin dans le couloir. Mais qu’est-ce que c’est que ce jeu de psychopathe ? Il veut sortir d’ici tout de suite. Pas seulement de la salle à manger mais de cette maison, de cette ville, de ce jeu. Il attrape la poignée de la porte avec soulagement, se disant qu’une fois le seuil franchi, ça serait terminé. Il ferait partie de ses souvenirs. Apparemment, ce n’est pas du goût de Scarlett. Car c’est bien elle qui l’attrape par les épaules pour le plaquer au mur. Il n’a pas le temps de se débattre qu’il voit sa main se lever. Automatiquement, il se protège le visage.

SHIZUKA - YAMERO !

Interjection hurlée en japonais pour lui dire d’arrêter. Les yeux grands ouverts, il reçoit la gifle en pleine joue. Ce genre de gifle qui te retourne la tête et ne fait mal qu’une fois le choc digéré. Mais lui, il ne bouge pas, ramené une quinzaine d’années en arrière sous les coups et les injures de son père qui n’en pouvait plus d’avoir un fils aussi fragile et peureux. Il croyait qu’en le frappant, il le rendrait plus fort mais il s’est passé tout le contraire. Il s’est renforcé seul de nombreuses années plus tard. Figé de douleur, il ne bouge plus, la tête tournée et fixant le mur. Bien sûr, il l’entend pleurer puis s’asseoir à côté de lui contre le mur. Et évidemment, il a entendu ce qu’elle lui a dit. Il est trop choqué pour réagir d’une quelconque manière que ce soit. En plus elle lui demande de rester. Elle ose lui demander de rester alors qu’elle vient de le gifler. Une violente douleur au ventre le plie en deux. Il tombe un peu trop brusquement sur les fesses, contre le mur, juste à côté d’elle. Ses petites jambes sont allongées devant lui. Il ne la regarde pas, fixe le bout de ses pieds et s’efforce de respirer lentement pour ne pas pleurer.

SHIZUKA - Pardon…

C’est la seule chose qu’il peut lui dire. Si la situation n’avait pas été aussi dramatique, il lui aurait dit que c’était aussi un peu de sa faute. Le moment était à présent mal choisi. Quand la douleur se calme, il ramène ses genoux contre son torse et soupire longuement. Intérieurement, il panique un peu. Que faire ? Que dire d’autre ? Il veut partir d’ici mais elle l’en empêche. En même temps, il ne veut pas partir pour ne pas lui faire du mal. Plus qu’il ne lui en a déjà fait, cela va de soi. Soudain, il fait un geste tout à fait contraire à ce qu’il pense : il se laisse doucement tomber sur le côté. Sa tête atterrit sur les genoux de Scarlett. Voilà il reste si c’est ce qui peut lui faire plaisir.

La main de Scarlett brûle.Vous savez cette impression de passer sa main sur une plaque chauffante, personne n'est assez stupide pour le faire mais accidentellement ça peut faire très mal. C'est quelque chose qui ne se voit peut être pas mais, elle lui brûle tellement qu'elle ne préfère rien dire. Elle ne sait pas quoi dire. Que dirait-elle de toute façon ? Ce geste ne se justifie pas. Ce geste qui lui rappelle de mauvaises choses... Il lui faut un certains moment pour qu'elle se calme. Ses pensées sont quelques heures en arrière dans la matinée ; la jeune rousse à ce moment là ne se préoccupait de rien. Souhaitait juste dormir toute la journée mais on la réveille, Shizuka la réveille. C'était comme ça depuis quelques jours et elle ne supportait pas le fait qu'on la sorte de son sommeil, son précieux sommeil... Comment les choses en sont arrivées à cette situation déjà ? Ses sentiments. Ses sentiments qu'elle s'était forcé à dissimuler durant toutes ces journées toutes aussi longues quand ils remontaient à la surface alors qu'elle pensait les avoir noyés. Elle en est maintenant sûre, si elle n'en avait pas parlé, rien de tout ça ne serait arrivé. Mais c'est trop tard maintenant, le temps ne se ratrappe pas. S'il pouvait être rattrapé, elle ne l'aura jamais assez dit, elle ne serait pas là. Elle ne prendrait pas le risque de souffrir autant. Et d'un autre côté, elle ne l'aurait pas connu. A ce moment là elle se demande comment les choses auraient été si c'était elle qui avait été derrière son écran. Shizuka lui aurait été beaucoup plus inconnu, c'était quelque chose d'évident. Ses pensés se stoppent quand il s'excuse et quelques minutes plus tard la tête du jeune homme se pose sur ses genoux. Malgré ça, Scarlett n'ose pas le regarder. La dernière image qu'elle gardera de lui c'est celle où les larmes menaçaient de tombées par sa faute. Son coeur se serre à cette pensée et le temps passe. Le temps passe et personne ne bouge. C'est la rouquine qui se lève la première. Avant ça ses mains redressent le p'tit blond et après quelques minutes d'hésitation finissent par le poser contre le mur. Durant tout ce temps là, ses yeux verts ne croisent jamais les siens. Elle ramène ses genoux vers elle et fini par dire quand ses larmes ne coulent plus ;

Scarlett - Non, c'est à moi de m'excuser... Je n'aurais pas du. Mais rassures toi, tu n'auras plus de souci de ce genre. Je ferai en sorte que tu n'entendes plus parler de moi, parce que je sais à quel point tu as du mal à supporter ça...

Quand elle se tourne vers lui son visage, sans vraiment s'y attendre frôle presque le sien. Et par reflexe ou peut être par habitude, allez savoir, elle se décale un peu. Son attention regagne de nouveau le sol quand l'orage gronde légèrement au loin. La jeune femme finit par se lever et marcher le long du couloir.

Scarlett - C'était idiot... Comment est-ce que j'ai pu pensé une seconde que cette histoire mènerait à quelque chose d'autre que de l'amitié ? Par ma faute, elle ne mènera plus à rien du tout... J'ai souvent été idiote mais là ... Je crois que c'est la chose la plus idiote que j'ai pu faire. Parce que mine de rien tu fais parti des meilleures choses qui puissent m'arrivées et que contrairement à toutes ces choses que j'ai pu cassé, ça, ça ne se répare pas. C'est irréversible... Pardonnes moi.

Ses larmes se remettent à coulées. Certaines touchent le sol et d'autres disparaissent au revers de sa main. Lorsqu'elle arrive au bout du couloir, elle le regarde un instant. Il est toujours assis. D'où elle est elle ne voit plus que sa tête blonde.Et elle finit par partir la main toujours aussi brûlante...