Une jolie journée en Ecosse. Ça arrive plus souvent qu'on ne le croit, je vous assure. Ça fait quelques mois que je suis dans ce pays - et c'est un record pour moi de rester aussi longtemps au même endroit, même si j'ai changé de ville entre temps - et le temps a toujours été plutôt ensoleillé. Pas toujours chaud, mais ensoleillé, c'est sûr.
Farway Hill n'était pas en manque de sa dose de soleil non plus et les flashes d'appareils photo ne manquaient pas de la même manière. J'étais venu, curieux de voir comment allait se dérouler cette émission de télé réalité, et j'espère que personne n'a fait attention à ma présence en ville, au risque de me retrouver catapulté au milieu de tout ce bazar sans même mon avis. Je ne participe pas, je suis spectateur, seulement, comme j'ai les moyens de venir regarder sur place, ça change des spectateurs habituels. Et puis de toute façon, si je n'avais pas été sur place, je n'aurais surement pas allumé ma télévision pour ça.

Actuellement, là maintenant tout de suite, j'ai décidé d'aller boire un verre chez Norah, à ce qui parait, ses cafés sont un délice et je suis évidemment volontaire pour goûter. Il y a pas mal de gens, mais je crois que quelques uns préfèrent aller espionner le tournage et choisissent donc plutôt une boisson à emporter. Moi je bois sur place, c'est plus convivial, et comme j'ai tout mon temps en plus...
Bref, je m'assoie à l'intérieur, surtout par soucis de ne pas me retrouver en terrasse, aux yeux de tous, sous le soleil alors que je n'ai pas pris ma casquette et qu'il suffirait qu'un participant de l'émission passe dans la rue pour que je me retrouve dans le cadre.
Moi, parano des caméras? NOOON.
Enfin bref, à l'intérieur - à l'abri - je commande mon café noisette (c'est super bon ces petites saletés là) et regarde un peu les gens autour de moi. Ça parle entre eux, potins et cancans. Ça se connait depuis pas mal de temps. Je dois être le seul, en dehors des dix garçons et des dix filles à ne pas habiter depuis l'enfance ou presque dans cette ville. C'est marrant, moi je n'ai jamais vraiment connu ça. À New-York, ce n'est pas du tout comme ça, et il n'y a que dans des villes plus petites qu'on peut trouver ce genre d'ambiance dans un café. Ou bien le week-end dans un salon de thé alors que les lycéennes papotent. Enfin, pas tout à fait. Mais bon. Ça change et c'est agréable.
En plus, le café est à se damner. Et il y a des jolis garçons dans le coin. Oh non non, ce n'est pas pour ça que je vais élire domicile par ici. Je tiens trop à ma liberté et à mes voyages dans le monde pour m'ancrer dans une bourgade d'Europe. Sans oublier que dans quelques années, il faudra que je reprenne les rennes de l'empire Hadden. Que d'émotion. Humh, en fait non. Mais bon.

J'écoute vaguement ce qui se dit aux alentours et je regarde quelques visages. La plupart, je les ai déjà croisé dans les rues. D'autres aussi surement, mais m'ont moins marqué. Je demande un petit gâteau au chocolat en plus d'un autre café noisette.
Vous avez déjà remarqué, que quand on mange un brownie ou un autre gâteau au chocolat, on s'en retrouve toujours avec du cacao plein les dents. C'est trop sexy. Forcément, dès la première bouchée, inévitablement, c'est ce qui arriva. Oh, je ne sais pas qu'est-ce que donnerait un paparazzi pour avoir une photo de mon "sourire chocolat". Mais les gens ici s'en fichent. Sauf peut être les jeunes filles qui me lancent des regards depuis que je suis arrivé, mais ça, c'est pas grave. Ce que c'est bon en plus. Manger un petit gâteau fait cent pour cent maison, c'est un régal. Maman m'en faisait souvent quand j'étais môme. Un pur délice.
Note pour plus tard : arrêter d'être nostalgique à trente quatre ans.

Je me levais pour aller aux toilettes.
...
De retour des toilettes.
Une jeune femme venait d'entrer alors que je cherchais encore un moyen de m'essuyer les mains, c'est toujours la galère dans les toilettes publiques, il n'y a jamais rien pour réellement se sécher les mains. Enfin bref.
Je me dirigeais vers le comptoir - surement en même temps qu'elle, je ne faisait pas vraiment attention - pour commander un verre de lait avec du sirop de grenadine (c'est super bon).

Spoiler:

J'entrais dans un café de Farway Hill, réputé pour ses bons cappuccinos. Mais non, je n'avais pas envie d'un café. J'avais besoin que quelques choses de fort, de très fort. Je fis un sourire à un vieil homme qui me lançait un regard. Je n'avais qu'une envie, lui lançais un « qu'est-ce tu mates vieux thon? » Je me repris, me rendant compte que le vieil homme n'était pas le seul à me regarder. Quoi, j'avais un troisième oeil? Je m'avançais, m'asseyant au bar.

« Un ... » commençai-je, « non, rien. »

Je ne savais absolument pas quoi prendre. J'étais étrangement déprimé. Je ne cessais de penser à Andrew et cela m'exaspérait. J'étais là pour trouver l'amour, mais j'avais l'étrange sensation de m'en éloigner de plus en plus. J'avais envie de pleurer. J'avais envie de partir en courant. Je voulais rentrer à New-York, tout de suite. Mais je ne pouvais pas, il y avait l'émission. Pourquoi est-ce que j'avais voulu participer à cette histoire-là?

Spoiler:

La jeune femme c'était assise au bar et semblait assez déprimée maintenant. Je ne savais pas ce qu'elle avait commandé, et au final, on ne lui servit rien... pourtant ici le service était rapide d'après ce que j'avais pu constater un peu plus tôt.
Grand empathique que je suis, je n'aimais pas voir des gens - surtout si jeunes - déprimer de la sorte. C'était bien trop triste. Et puis maman m'avait toujours dit, quand la tristesse de quelqu'un arrive à te toucher, ce n'est pas une faiblesse, et tu dois essayer de la faire sourire. Au moins une fois. Ce doit surement être grâce à l'enseignement de ma mère que je ne suis pas comme tous ces gosses de riches à choisir mes amis (ou même de simples connaissances) purement en fonction de leur richesse (si elle est assez grande pour être comparable à la mienne). Et je suis bien heureux de ne pas être comme ça. C'est ce genre de vie qui rend malheureux, d'après moi. Toutes les personnes sont intéressantes à leur manière, peu importe ce qu'il y a dans son porte-monnaie.

Je m'assis donc près d'elle au bar, tenant toujours mon verre de lait grenadine. Je levais les yeux vers la personne qui était en train de nettoyer quelques verres.


« Un gâteau au chocolat s'il vous plait. »


On s'empressa de me l'amener mais je le fis glisser sous le nez de la charmante demoiselles aux airs tristes.


« Vous savez, le chocolat c'est très bon contre les coups de blues. Surtout quand il est cuisiné dans un petit gâteau aussi bon. »


Je lui souris doucement. Je savais qu'il ne fallait pas trop insister avec les gens déprimés parce que certains finissaient par vous envoyer paitre et même parfois plutôt brutalement. Oui, vous avez raison, ça sent le vécu.
J'attendais donc patiemment la réaction de la jeune femme en sirotant mon verre de lait-grenadine et en jouant distraitement avec mon dessous de verre en carton.

Un jeune homme vînt s'asseoir près de moi. Je lui lançais un regard rapide avant de me remettre à réfléchir à ce que j'allais ce que j'allais prendre. « Un gâteau au chocolat s'il vous plait. » entendis-je juste à côté de moi. Hmm ... Pourquoi pas. J'imaginais l'odeur. J'avais toujours adoré le chocolat. Petite, maman me punissait toujours de mousse chocolat quand je n'étais pas sage ou que je n'avais pas rangé ma chambre. Je me sentis tout à coup très mal, comme si j'allais m'évanouir. Simple déprime ou malade? Il allait falloir évalué ça de très près. On finit par servir le fameux gâteau au chocolat. Je le vis glisser doucement, si bien qu'il se retrouva vite devant moi. Je levais la tête, regardant le propriétaire de ce délicieux morceau de gâteau. « Vous savez, le chocolat c'est très bon contre les coups de blues. Surtout quand il est cuisiné dans un petit gâteau aussi bon. » me lança-t-il, un sourire aux lèvres. Je fis un sourire. On m'avait déjà offert des verres, même des cacahouètes. Mais un morceau de gâteau, ça jamais. Mais je trouvais ça plutôt mignon. Et un gâteau, c'était tellement bon.

« waw! » dis-je, sans vraiment savoir quoi dire. « Et bien, merci beaucoup! »

Je regardais de nouveau mon assiette, avec toujours un sourire aux lèvres. Je me décidais à le couper en deux. Je posai les deux bouts dans l'assiette avant de la repousser vers le jeune homme.

« On partage? »