ANGELS FALL DOWN

featuring Olivia D. Bell

Il venait d'être retenu pour l'émission, et il n'arrivait pas encore à y croire. Non pas qu'il voyait cette émission comme une priorité, mais il était arrivé à un stade auquel lui-même avait compris qu'il était temps de changer de vie, du moins, d'essayer de changer de vie. Comment vivait-on le fait de passer du simple métier de journaliste stagiaire à celui de célébrité de télé-réalité ? Il n'en savait encore rien et s'en fichait pas mal. Il n'était pas ici pour ces raisons là, mais simplement pour retrouver foi en l'avenir, foi en la vie. Il était quelque peu intimidé, mais sur de lui, sur de son choix et jamais il n'avait semblé si convaincu dans une décision qu'il avait prise de son plein gré. Il avait trop longtemps vécu au détriment des autres, de leurs conseils et de leurs remarques. Il avait fait un pas décisif en avant et ne comptait plus reculer, même si sa valise sembler lui peser des tonnes, même si ses pas se faisaient de plus en plus réticents, il était bien décidé à se prouver qu'il était capable de prendre soin de sa vie. C'était avec une conviction sans faille qu'il s'était laissé guider jusqu'au château, avec un étonnement ravi qu'il en découvrit chaque rempart avant de se rendre, d'un pas décidé, en direction des chambres à coucher, où il espérait bien trouver un lit libre pour s'y allonger quelques instants avant de se mettre à déballer ses affaires. La journée avait été très longue et l'attente, interminable, mais curieusement, il avait aimé chacune des secondes qui s'étaient égrenées au cours desquelles il s'était même surpris à sourire à plusieurs reprises. Un étrange phénomène qui avait déformé son visage pendant quelques instants et qui ne s'était plus laissé entrevoir depuis la mort d'Elisabeth et de sa mère. Le sourire était devenu un geste qui demandait énormément d'effort à Denver mais lorsque celui-ci flamboyait sur son visage, rien ne pouvait plus vous réchauffer que son expression ravie et gentillette. Il arriva en début d'après-midi aux abords du château, il n'eut à disposition que quelques minutes pour trouver seul les pièces importante : le salon, la salle à manger, la cuisine, la piscine et finalement, les chambres. Il avait choisi la première au sommet des escaliers, la toute première dans le couloir où il estima pouvoir trouver de la place. Il s'y engouffra dans un silence de mort… Personne ! Il soupira de soulagement. Non pas qu'il fut antisocial mais Amaury désirait plus que tout retrouver un instant de solitude pour pouvoir faire le point sur la situation. Chose qu'il fit presque instinctivement lorsqu'il déposa sa valise brune au pied du dernier lit et qu'il s'assit lourdement sur l'édredon encore frais et repassé. Lâchant un grave soupir, il enfonça son visage dans le coussin et réfléchit silencieusement.

Pendant quelques instants, il ne ressenti aucune peine, aucune souffrance. Pendant quelques instants, il se senti serein et prêt à affronter les monstres de la télé-réalité et de leur pseudo célébrité qui naîtra de son rôle prépondérant dans cette nouvelle émission. Et puis, vint le drame. Sous la fenêtre, il perçu des voix, doucement, il capta des sons et son esprit s'embruma. Il se redressa sur son séant sans piper mot, il resta silencieux. Il ne s'approcha pas des fenêtres mais déjà, il sentait les effluves de la fumée propre à une cigarette parvenir à ses narines. L'envie se fit pressante, et l'oxygène lui manqua. Chaque respiration lui brûla la gorge et l'étau qui se forma autour de ses poumons se resserra et l'air sembla lui manquer. Repris soudainement par l'envie de céder à ses addictions, il se leva brusquement du lit, en fit le tour et chercha dans sa valise ses pilules. Sous le stress, ses mains tremblèrent et chacun de ses gestes devenaient hasardeux. Il vint à bout de la fermeture éclair après quelques minutes et éparpillait déjà ses vêtements sur le lit. Soupirant de rage, il fouilla sa trousse de toilette et fini par mettre la main sur ses cachets. Soulagé, il tourna sur ses talons sans apercevoir une seule seconde la jeune femme qui s'était approché de lui. La heurtant de plein fouet, il lâcha ses médicaments sur le sol et vit le corps de l'inconnu vibrer avant de chuter. Par réflexe, il tendu les mains et parvint à la retenir avant le choc. Il l'aida à se redresser et posa ses yeux sur elle avec délicatesse avant de forcer une mimique plus décontractée par un sourire on ne pouvait plus faux. Sur un ton chaleureux, il lança enfin à l'adresse d'Olivia.

— Je suis désolé. Je ne t'avais pas vu…

Puis, il remarqua les cachets éparpillés sur le sol et ressenti la même frayeur l'envahir. Nerveusement, il se pencha en avant pour ramasser ses pilules en croisant les doigts pour qu'Olivia ne le prenne pas pour un toxico' complètement starbé !